dimanche, mai 16 2010

CENTRE DE NOS GRAVITÉS



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© Liliane DUMONT


CENTRE DE NOS GRAVITÉS

 

Dormir avec en mon cœur ta tendresse et sur mes lèvres ton cri de joie (Khalil Gibran)

 

Pléthoreuse de bonheur, tu m’écrivis un cri de joie si clair que je le déchiffrais dans le froid des étoiles.

 

Rien de simple n’encombre l’oiseau qui s’envole rencontrer la balle du fabriquant de bonheur fou  mitraillant au hasard : l’imprévu prévaut ! La mort ou l’amour parviendront tout aussi merveilleux.

 

Flamme de mon feu, nul à ma place ne souffre ni aime ; juste me prendre en ton creux afin d’incandescer ma peine, cet éclair vert attisé au soleil embrasant les collines. Cendre, je choisis tel destin, entre cristal et fumée ; l’ignorer briserait un grand pan scintillant d’avenir

 

Ma boule de tendresse et de joie offerte se dévide à ta convenance de n’importe quel bout : tu atteindras sans faillir le centre de nos gravités. Je te ressens dormante à téter le sens au sein du vivant, ultimer définitivement chaque instant entrefait.

 

Intense, je survis aussi dru enclos de mille mailles claires que dans la liberté lumineuse du don infini, soleil.

 

(bernard garrigues)

mardi, mai 11 2010

VOILÀ MON CHANT


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© Janine LAVAL


VOILA MON CHANT

 

La terre dit alors aux ruines de la rose : voilà mon chant. (Adonis)

 

 

Des pas tracer sur le sol l'insignifiant...

Trois notes émises pour un air infini...

Des mots fusés très haut à crier l'indicible...

Tous les marteaux levés contre l'immarcescible...

Voilà mon chant bâti aux marges étouffées.

 

À ceux qui pousseront les plus forts cris de joie...

Ceux qui, partis joyeux, sont revenus sereins...

Tous les havres construits aux croisées de la route...

Des fleurs rouges semées par l'errant pour l'errant...

Voilà mon chant tenu envers toute la nuit.

 

La senteur qui persiste longue après le départ...

Revêtir la lumière amoureuse de vie...

Resonnera le temps de labour du terroir...

Lorsque après les aguets l'on voit poindre le port...

Voilà mon chant ténu à tisser d'autres blues.

 

Les signes de la fleur jonchés dessus la terre...

Les rêves de l'enfant portés comme un trésor...

La neige qui fraîchit la source des étés...

Le désir abouti en amours flamboyantes...

Voilà mon chant lancé tel un cri de l'oiseau.

 

bernard garrigues

mercredi, avril 28 2010

ORDRE DU CIEL TRANSPERCÉ



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© Françoise J.




ORDRE DU CIEL TRANSPERCÉ

 

(Les hommes aux vieux regards qui ont eu un ordre du ciel transpercé en reçoivent sans s'étonner la nouvelle. René Char)

 

 

Maîtrise. Le regard de ceux qui sortent appartient à la fin

D'au moins mille générations de fous intérieurs

Quittant, goutte à goutte, la scène de silencieux discours

Inouïs : rien ne transpire lorsque repos s'en mêle

Même si l'ardeur ne manque pas dans la déroute.

 

Tolérant. Aucun point de la roue qui ne vaille moins

Qu'un refuge éternel pour chaque autre mû

Par la volonté d'être fraternel une fois

Pour toute anomalie décelée par sens caché.

Rien de brutal ne sera soutenu du vent.

 

Paisible. Le calme du sommeil fait partie du désir

Caressé au creux du ventre, ferme fille féline

Se présente encor une fois afin de participer

Au rêve : Rien ne se passe hormis la vive vie.

Une espèce de "Qu'est-ce-à-dire ?" éclate le temps !

 

Délébile. Le trait de l’œil sur l'avenir

Barre les fantasmes incommis faute d'audace

Car il ne suffit pas, pur, d'avouer ses joies

Pour se trouver investi d'un passé enfin net.

Jamais effacé du regard ne manquera.

 

Étonnement biaisé peu à peu par le temps

Pousse donc le soupir d'homme non reconduit.

 

 

bernard garrigues

mardi, avril 27 2010

CHACUN AU MIEUX DE L'INTENSE




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© Liliane DUMONT


CHACUN AU MIEUX DE L’INTENSE

 

Ne fais pas de l'amour une entrave mais plutôt une mer mouvante entre les rivages de vos âmes (Khalil Gibran)

 

Cancelleuse de certitudes diamantes, tu les supplantais d’indicibles pétales, secouées d’émotions fortes notre création, fleur étincelée.

 

Vivre dans la liberté de l’amour exige sans doute chevaucher sauvage et brute réalité mais qu’aboutirait-il sans nos puissances maîtrisées, chacune au mieux de l’intense, bel et bien, commis ? Dérision de l’entrave quand la horde file sa trajectoire. 

 

Sept belles amours, toutes voiles hissées aux vents, croisent la mer mouvante entre nos rives d’âmes. L’atteinte impromptue enrage les longtemps afin d’accéder l’un à l’autre, émerveillés. Mon discours, je ne le parle que pour toi. Résonance ! (Amours, délices et orgues sont masculines au singulier !)

 

Ensemble, ni capitulation ni servitude l’un devant l’autre : une claire illumination partagée à l’extraite du four, fortuit inscrit en orbite d’étoiles quand naquit l’éternité hasardée aux risques de malencontres  imprésagées. Vie explosée au jailli d’étincelle, aléas de grande émotion.

 

Nous combattrons joyeusement au cœur à cœur dont nul obscur n’insinue l’incertaine issue ; si proches et violents, ne pas transiger sur le vif de la tendresse.

 

(bernard garrigues)

 

lundi, avril 19 2010

CHEMIN DU VENT



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© Janine LAVAL


CHEMIN DU VENT

 

L'éphémère, comment peut-il désespérer alors que le vent est son chemin ? (Adonis)

 

Tel l'amante...

Abriter la tempête et caresser la peau...

 

Projet fou  d'éprouver tous les chemins du vent

Quand il a dit :"partons !" ; et nous sommes partis.

 

O nuit de longue veille à peigner l'adjectif

Exact au vent chassant sur la piste nouvelle !

 

Tel l'errant...

D'abord dresser sa voile à n'importe quel signe

Que le sens en soit clair ou brutal survenu...

 

Car l'enfant des rencontres ne craint point de vaguer

A poursuivre sur mer les traces d'un vent fou

Venu d'on ne sait où, vers un ailleurs fortuit.

 

Tel l'instant...

S'adosser à la pierre empreinte d'éternel

Et, minusculement, créer son grain de sable...

 

Dunes sculptées par très peu de caresses

Vagabondes troublant de très peu le silence

Signet posé parmi la succession des ères

 

Tel le vivant...

Tourner la face au vent qui purifie la route...

 

Et toi, homme rompu en butte aux vents adverses,

Irais-tu quelque part ?

Il existe le vent favorable...

 

bernard garrigues

dimanche, avril 4 2010

TENDRESSE DES HAUTS MURS POLIS

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© Françoise J.


TENDRESSE DES HAUTS MURS POLIS

 

Femme qui lui avait appris alors qu'il n'était encor qu'une graine captive de loup anxieux, la tendresse des hauts murs polis par votre nom. (René Char)

 

 

Engainé le coup parti sans origine

Autre que douteuse, début de miracle

Dont nul n'acceptera l'innocence originelle

Si survivre s'inscrit au centre d'un nœud dur.

Compte des mil et un voyages à la mort.

 

Esprit heurté aux barreaux méfiants et forts

De ceux qui sauvage vie ne toléreraient

Dans le temps ordonné et l'espace adjugé

Au cours de siècle de siècles mal ensuivis.

N'importe que le mur enclose  ou bien protège.

 

Envelopper d'amour agrandit le plaisir

D'être là, différent, rugueux, brutal, ancré

Dans la violence de rendre don pour don

Sans priser la coulée du temps infiniment.

Abandonnons ! Mot mien, je te sais de toujours.

 

Une à une effacée aucune aspérité persiste

Pour accrocher l'écorché vif démeneur fou

De voyages initiatiques intérieurs à la bulle

Soufflée de tendresse, souple et inentamable.

Axe quartz inventé pour la meule de grés.

 

Bâtir la maison d'unilatéral cristal

A jeter le regard  et renvoyer la haine.

 

(bernard garrigues)

vendredi, avril 2 2010

HAUTES EAUX DE BRUTE CONFUSION



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© Liliane DUMONT


HAUTES EAUX DE BRUTE CONFUSION

 

Emplissons la coupe l'un de l'autre, sans boire à la même coupe (Khalil Gibran)

 

Affileuse de mes brûlures, tu me guidais aux lieux d’innocuité où la vie exhaure les hautes eaux de brute confusion, folie du voeu.

 

Pour rencontrées de bonne chance, j’élève tendrement mon vin au long cours de ma route incertaine ; clairvoyante de désirs en passion bien advenus, tu veilles perspicace la fraîche eau de ta gourde. Des extraits de nos strictes quêtes, emplissons la coupe un de l’autre. Sans mélanger le feu à l’eau. Sans boire à la même coupe.

 

Simplement regarder passer le temps quand l’orage gronde les horizons, qu’un éclair élucide quelque minute de vérité emprisonnée à l’œil du cyclone. Que m’accepte la tempête, tintinnabulant mes mystères éblouis !

 

Merci de l’austère démarche émaillée à toutes lumières : remise la clef de négociation pour un avenir empoigné, telle un ruban rouge honorant d’émérites amances à ceux qui ont couru les routes réciproques.

 

Persiste un peu de rêve, nuaget blanc éclatant l’immense indigo.

 

(bernard garrigues)

lundi, mars 29 2010

SOLEIL ÉMACIÉ



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© Janine LAVAL


SOLEIL ÉMACIÉ

( Proverbes de voyages et de routes)

 

Et moi, soleil émacié sous lequel... le vagabond croisait la longue route. (Adonis)

 

Le vagabond, jongleur d'éclipses impalpées,

S'étrangera au loin pour se muer en roi.

 

Au voyageur parti sur une erre nouvelle

Malencontres jamais la route n'enseigna.

 

Un peu de soleil froid sous l'aride regard

Pareil pour le brin d'herbe et l'arbre foudroyé.

 

Une est la route, qu'elle monte ou dévale ;

Le rude du voyage est de franchir le seuil.

 

L'aurore sans flambeau, tu ne peux l'égarer ;

Dans la nuit, la bougie illumine ta quête.

 

Si, à chemin battu, jamais l'herbe ne croît,

Tu pourrais t'égarer loin des routes connues.

 

Marche selon la longueur de ton pas

Mille routes dévoient du blanc, une y va.

 

Chacun se tient dans sa propre lumière

Afin d'y déchiffrer les sept nœuds du vivant.

 

bernard garrigues

dimanche, mars 21 2010

MENEUR DE PUITS



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© Françoise J.


MENEUR DE PUITS

 

Je suis meneur de puits taris que tes lointains approvisionnent.(René Char)

 

Fixe. La découpe du mont à l'horizon de l'aube

Si le regard change lorsque change le lieu

Et court le temps fou du jour indisciplinable

À jouer puis passer l'obstacle accumulé.

Berger des rocs, tu mords la terre à pleines dents.

 

Ardu. Conduire les nœuds de vie enclos au sein des pierres

Alors que la racine sans feuille fouille à y parvenir ;

Rien de simple n'émerge du conflit de la roche et de l'arbre

Au temps que dure la bataille paisible avec la bête.

Chien rameutant notre troupeau de mythes.

 

Pire. L'essentiel du fardeau reposera

Sur l'airain de la bête de somme, sourde

À la douleur fouie au fer bleu par la forge

Crachant le rouge sombre amour inépuisé.

Il faut être léger si l'on veut faire route.

 

De loin. La source sourd alimenter de gré

Les désirs creusés au hasard incertain

D'inspiration sur la magie du lieu choisi

À la croisée de rais émis, signes séduits.

Le plein offre sa voix au mince délié.

 

Qu'importe de construire un xième pouvoir

Si l'unique vouloir défaille à faire choix !

 

(bernard garrigues)

samedi, mars 20 2010

POUR UN JOUR INCOERCIBLE




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© Liliane DUMONT


POUR UN JOUR INCOERCIBLE

 

Car le chêne et le cyprès ne croissent pas dans l'ombre l'un de l'autre (Khalil Gibran)

 

Signeuse de réalité drue, tu m’adressais la déclaration sereine où tout, phrase, mot ou forme, aggravait  le sens de nos gravités.

 

Avec l’inconnu, contracte sans prudence périr explosé de joie ! Manquera le soleil couché sans son jour incoercible au robuste cœur d’un temps indébitable du bilan : chacun connaissait sa date depuis l’origine des siècles et n’emprunte ces pas prouvés faute de désirs inspirés.

 

Ne gage pas réussir ton rêve si tu montes la vie en cavalière. Ceux qui bâtissent par tendresse et créent, merveilleux, l’instant appréhendent leurs conquêtes avec peines de fantassin, trimbalent leur pays d’enfance en bagage intérieur mais ignorent habiter une volonté incitée, obéir à l’étreinte des cuisses.

 

Vivre dans nos ombres ? En vérité, à l’extrême pointe chevelue les racines diffusent quelque toxine fabriquée de nos propres passés. Tué en m’émerveillant, j’en revendique le privilège, non la surprise. Car les limites de ma connaissance, nul besoin d’en poursuivre la quête, tu les croises, telles la grille de fer forgée exacerbante d’espères.

 

Que soit béni le jour épervier, quand l’amour m’apparut solution de cette émotion, loyer de ma folie souveraine.

 

(bernard garrigues)

APPRENDRE MES PLUIES




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© Janine LAVAL


APPRENDRE MES PLUIES

(proverbes de pluies)

 

En retenant mon souffle, je suis parti chercher apprendre à la mer mes pluies.  (Adonis)

 

La mer n'a refusé le moindre filet d'eau.

 

Connaît la larme en cette goutte d'eau

Étrange, parmi toute l'onde océane.

 

La pluie, qui enchantait les chemins de traverse,

Gadouille dans la cour du labeur quotidien. 

 

Dés que la première eau aura rincé le toit

Je roulerai les jarres aux tombées des gouttières

 

La pluie chez voisin te mouillera les pieds

 

Tombe petite pluie pour abattre grand vent.

 

Un peu de pluie reçue fait éclore les roses,

Beaucoup de feu jeté ne laisserait que cendre

 

Jamais nul ne verra la pluie rester aux cieux

 

Pluie du matin n'arrête pas le pèlerin

 

La pluie a préparé le beau temps de demain

 

bernard garrigues

mardi, mars 16 2010

TERRE DES PLUIES

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© Françoise J.


TERRE DES PLUIES

 

Celui qui marche sur la terre des pluies n'a rien à redouter des épines, dans des lieux finis ou hostiles... (René Char)

 

Piste rêche du roc, espoir risqué du puits

Recueillant l'eau comme d'autres l'enfant précieux

Produit de fille preux avec l'errant lointain,

Route fil enceinte d'un but mystérieux.

Empreinte du serpent intracée sur la pierre !

 

Route des vents tendue vers un nouvel épice

Créateur de plaisir et faiseur d'or aussi

Mais le tout disputé à la rage du temps

Aux frontières armées entre le ciel et l'eau.

Scruter dessus la mer la trace de la nef !

 

Voie du pays de l'homme empruntée dans l'instant

Où tout bascule en joie d'atteindre l'alliance

Écrite de toute éternité pour l'enfant

Semé au centre du conflit, vifs corps à corps.

Rien ne fera connaître ceux qui l'auront connue !

 

Savourer les chemins sans risque des pays

Où trace des vivants empreint toute passée

Quel que soit l'objectif de l'errance hasard

Et quel que soit le lieu de croisement destin.

Homme qui veut nouer siècles et rêves bruts !

 

Arbre qui ramassait ses feuilles à l'automne

Marchait sur le chemin encor trempé de pluie.

 

(bernard garrigues)

 

lundi, mars 15 2010

PARFAIRE L'ELLIPSE D'ÉTERNITÉ



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© Liliane DUMONT


PARFAIRE L’ELLISPE D’ÉTERNITÉ

 

Il en est qui ont peu et le donnent entièrement. Ils croient en la vie et la bonté de la vie, leur coffre n'est jamais vide. Il en est qui donnent la joie ; la joie est leur récompense. (Khalil Gibran)

 

Épieuse de désirs, j’explorais mes sensations sous ton regard bénévole, calligraphiant tes croix soyeuses de bons comptes.

 

Ces sourires approchés de sollicitude me qualifient pair d’affinité, tandis que j’offre, en poignée, mes vols sans pouvoir appauvrir l’existant, trésor inventé aux croisées de sentes approximatives. Donner la joie n’appartient pas à n’importe quel détenteur d’un cœur détoné au bonheur fou d’exister ; ne pas s’étioler.

 

Esquisse un nouveau pas d’avenir parmi les murs de tendresse fondés d’habite claire durant le déroulé des temps spécieux : rien ne filtre des intentions réelles de désirs illuminés d’intérieur simplement prêts d’accomplir leur ellipse d’éternité, parfaite à chaque milliseconde insignement reprise à l’ennemi,.

 

Ourdis et sème la joie jusqu'à l’épuisé irrévocable d’ultimes restes de vie, comme certains complotent et vaquent leur destinée, ou d’autres trament, chaînent, inimaginent  une étoffe péremptoire. Parfois prisée de toutes visées ; parfois diffusée passivement aux hasards non aboutis, tels l’étincelle de pauvre mélange.

 

Enfin navigue la chevelure d’étoiles des filles de la joie où aucun gémissement n’enfreint le naufrage.

(bernard garrigues)

dimanche, mars 14 2010

NUAGE PAR NUAGE




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© Janine LAVAL


NUAGE PAR NUAGE

 

Je sais, nuage par nuage, mes ciels remontent des paradis terrestres. (Adonis)

 

 

Aux jardins enchantés, un peu de soleil love

De la petite enfance en sa bulle dorée.

Voiles messagères, quelques flocons de blanc

Brillant taillent leur route en ce ciel indigo.

 

Le compte du troupeau reste à jamais faussé :

Jadis les cailloux noirs auront percé nos poches

Sous les yeux ahuris des agneaux regordans ;

Haut Frère inattendu aux lames indécises

Un aboi cisailla le fil de nos dormies.

 

Posément conjuguer les images biaisées !

Voici la nef bâtie au milieu des tempêtes

Afin de remonter quelques temps incertains,

Passé décomposé ou futur intérieur.

 

Échapper des vertes prairies isotropes

Pour un jour visiter les gris indubités

Du désert absolu où l'eau s'appelle joie

De vivre une seconde encor, instant de plus.

 

bernard garrigues

 

mercredi, mars 10 2010

SALVE D'AVENIR

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© Françoise J.


SALVE D'AVENIR

 

À chaque effondrement de preuve, il répond par une salve d'avenir ...(René Char)

 

Encor un peu de toi persiste, odeur du vent

Venue de lointaines contrées impavides

Car aussi bien la vie est route de la mort

Sans peur à insérer quelque rêve affilé.

La lutte contre l'ange attise encor la flamme.

 

Goût amer de présentes batailles troublées

Et perdues par on ne sait quel hasard douteux

Alors que rien ne présageait malencontre

Du choc des joies issues de nos obstinations.

Avorté le conflit père de toute chose !

 

Créer encor parmi la matière fétide

L'objet d'émotions à défier le temps ;

Créer encor à coup de passions résurgées

L'arrêt mystérieux sur l'image séduite.

Exaspérance au brut et brûlant mal atteint.

 

Créer enfin pour remonter le temps fluvial

Sans cesse brandissant son rameau d'olivier

Afin d'esquiver l'inévitable combat

Conduisant aux choses infinies défaites.

Epaves d'actes nets posés comme témoins.

 

Réserver chaque instant à tirer l'ultime

Salve, fleurs dispersées en pierres à venir.

 

bernard garrigues

mardi, mars 9 2010

MURMURES AU NAVIRE



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© Janine LAVAL


MURMURES AU NAVIRE

 

Il y a longtemps je murmurais au navire mon chant ceint de flammes vermeilles. (Adonis)

 

 

J'ai vu à l'horizon le navire sous voiles

Dans l'orange sanglant du soleil harassé ;

Un peu de jour passé atteignait le rivage

Sur l'échelle des vagues, retournées d'infini.

 

Épée forgée au feu de noyaux des olives :

L'odeur demeurera dans la gorge de l'âme

Du bois de chêne issu de l'aride tendresse

Prodiguée au hasard de l'orage éclaté.

 

Quand l'infunambulant prie le fil dans sa poche,

Le marin des amarres poussera son nœud râle

Au cou du vent venu des choses absolues ;

Avec le bel outil éclatant feux et flammes

Il conçoit, l'ingénieux, de troubler l'inconnue.

 

Parti pour attiser toutes flammes vermeilles

De murmures chantés à la proue du vaisseau,

Je n'aurai rencontré peu de bonheur qui veuille

Marcher à notre pas, errant, irrésolu.

 

bernard garrigues

dimanche, mars 7 2010

FUMÉE DE VRAI FEU

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© Françoise J.



XII FUMEE DE VRAI FEU

FUMÉE DE VRAI FEU

 

O ma petite fumée s'élevant sur tout vrai feu, nous sommes les contemporains et le nuage de ceux qui nous aiment...(René Char)

 

 

Formes indéfinies qui projettent l'objet

Idéal renouvelé instantanément

Au souffle d'air ténu de caresses songées

Sous l'émotion blottie, vivace, protégée.

Concurrentes d'idées sculptées dedans la pierre.

 

Légèreté des formes surprises à l'espace

Creux ému d'accueillir telle épouse bleutée

Visitante hasardeuse et sans autre projet

Que de se couler, douce, parmi le temps qui passe.

Un rien subtil vaut mieux que deux biens épuisants.

 

Notre feu brûle alimenté de rejets vifs

Cueillis à tout instant vécu intensément

Afin de créer seuls flamme, fumée et cendre,

Somptueuse cathédrale en signes mouvants.

Reste de cendre prête au cristal à venir.

 

Deux éclairs issus chacun depuis les fins fonds

De l'espace se précipitent l'un vers l'autre

Afin d'atteindre le même âge, où l'amour naît

D'une rencontre unique en mille dimensions.

Les enfants qui s'aiment n'habitent nulle part !

 

Compagnons de la Marjolaine, hébergeons

L’œil des nuages clairs et des bâtons rompus.

 

(bernard garrigues)

samedi, mars 6 2010

AU CHOIX DE TA MERCI



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© Liliane DUMONT


AU CHOIX DE TA MERCI

 

Tes semences vivront dans mon corps et les bourgeons de tes lendemains fleuriront dans mon cœur. Ton parfum sera mon haleine. (Khalil Gibran)

 

Au fin bord de ta route, je guettais la part exorable de filles qui passent. Champ remué à l’émotion, je te reçus semeuse d’impossibles et entrepris la longue haleine de fleurir les bourgeons de tes lendemains.

 

Existe le laboureur de sable poussant son soc sans marquer sa raie ; rien de futile n’anime le regard aigu de longues effilées. J’aime qui m’émerveille de simple passée, clair accueil, robuste présence ; vaux peu, ébloui. Tandis que tu m’évalues saisir impromptu le risque, descelles ma vivacité à sauter, de mon sûr, au choix de ta merci.

 

Existe l’astrologue de l’éclosion au nœud de mystères agacés, pierres éclatées de haute borie préméditant le foyer de leur parabole, incomptables versions de tout thème. Chaque instant peut l’étincelle qui exploserait l’accostage, déposerait en son creux quelque infime fragment du rubis.

 

Existe l’étape, sans autres armes que ma tendresse de douce volée, prête assaillir la nomade, dresser sa tente de bon accueil.

 

Partager l’odeur du parfum respirée, prendre ombrage des feuilles persistantes afin d’inscrire, en rouge vif, l’infini esquivé.

 

(bernard garrigues)

vendredi, mars 5 2010

MON VISAGE ET MA VOIX





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© Janine LAVAL


MURMURES AU NAVIRE

 

Il y a longtemps je murmurais au navire mon chant ceint de flammes vermeilles. (Adonis)

 

 

J'ai vu à l'horizon le navire sous voiles

Dans l'orange sanglant du soleil harassé ;

Un peu de jour passé atteignait le rivage

Sur l'échelle des vagues, retournées d'infini.

 

Epée forgée au feu de noyaux des olives :

L'odeur demeurera dans la gorge de l'âme

Du bois de chêne issu de l'aride tendresse

Prodiguée au hasard de l'orage éclaté.

 

Quand l'infunambulant prie le fil dans sa poche,

Le marin des amarres poussera son nœud râle

Au cou du vent venu des choses absolues ;

Avec le bel outil éclatant feux et flammes

Il conçoit, l'ingénieux, de troubler l'inconnue.

 

Parti pour attiser toutes flammes vermeilles

De murmures chantés à la proue du vaisseau,

Je n'aurai rencontré peu de bonheur qui veuille

Marcher à notre pas, errant, irrésolu.

 

bernard garrigues

mardi, mars 2 2010

FEUILLES QUI DORMENT SOUS LE VENT



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© Janine LAVAL


FEUILLES QUI DORMENT DANS LE VENT

 

Les feuilles qui dorment sous le vent sont navires pour la blessure. (Adonis)

 

 

Je suis le dinandier des formes inspirées

Par la voie des étoiles en le clair de la nuit :

Quatre alfas nouent les coins de mon drapeau de lin,

Hissé je ne sais quand ni le bruit de la cause.

 

Le chant du monde choit de mes feuilles ouvertes

Attentives à cueillir la moindre goutte d’eau :

Larme de fille, rosée de la nuit amenée,

Amas de bénévoles et exorables échanges.

 

Qui es-tu, toi, qui cherches ma souffrance

Enfouie dans le cuir, là où heurte la vie ?

Je sais aussi le sens, dans ciel, du nuage

Qui portera, au loin, mes rêves émotions.

 

La pluie sur le désert, de rare survenue ;

Représenter vraiment le rêve de ma nuit

Afin que nul n’ignore le hasard qui m’habite

Lorsque bat mon marteau sur le cuivre du flan.

 

bernard garrigues

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