lundi, mars 1 2010

DE SI LOIN VENU



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© Liliane DUMONT


DE SI LOIN VENU

 

Savoir que tous les morts joyeux se tiennent près de vous et veillent. (Khalil Gibran)

 

Dans la joie, de ton lointain, tu veilles mon clair devenir. Ambleuse d’allures, inscris nos rythmes sur un même chemin.

 

Sans doute que rien n’échappe à la sagacité oubliée d’un arbre mort de lumineuse aridité : un hasard, à chaque instant, parvient ou sourd transfusé de soleil. Persistent ainsi les siècles en repère de nomades, ténu d’erres incertaines, routes inimaginées, approximatives approches.

 

Plus. Un fou proclamera terres vagues et possessions d’imagination son terroir. Sa folie, de si loin venue, révélera le seul lieu d’éphémère, habitable aux enfants de bon aloi campant le foyer de leurs fantastiques aïeux : nœuds et lieux de lignages entremêlés, de subtiles rencontres.

 

Déchiffre aussi les obsidiennes brutes gravées de leurs désirs, laissées en trace de bonne voie aux bas-côtés de routes éteintes ; les pommiers de toulines,  soignés en provision de tes passages difficiles, exigent jeter ta corde d’assures à l’autre rive d’abîme.

 

Trépassable initié des morts joyeux qui te veillent, construis l’enfance conciliable d’un avenir foudroyé, prends au-delà date pour visites de bon accueil.

 

(bernard garrigues)

INFINIE PATIENCE DE L'UTOPIE



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© Liliane DUMONT


INFINIE PATIENCE DE L’UTOPIE

 

Un instant, un moment de repos sur le vent, et une autre femme m'enfantera (Khalil Gibran).

 

Recueilleuse d’instants de repos dans le vent, tu me restituais enfant neuf tandis qu’un passé mal ourdi hasardait frelater du fragile l’intemporel.

 

En attente de réciproque, de glace translucide illuminée de soleil, de parcelle mordorée en l’œil rêveur du lézard des garrigues, de trait martin-pêcheur vert vif illuminant, un peu, l’eau glauque : à l’émotion, tous comptes faits, l’amour se révéla l’unique dénouement.

 

Pris de recul devant l’impossible, j’accepte cependant déclarer mon acte de renaissance, rouvrir (à sept voies) les carrières piaffées de rudes chimères, juguler les dimensions offertes de surcroît, les mesurer à l’aune de l’infinie patience de mon utopie.

 

Si tu saccages, saccage la nuit d’excessive tendresse en ta tente. Si tu abolis, abolis l’immarcescible parcelle du désir qui me brinquebale. Si tu abats, abats l’ultime oiseau flèche du vol de ma migration. Si tu ravages, ravage l’indestructible fragment fou de mon espérance.

 

Si tu veux, veuille aiguiser mon innocence et coucher pour l’éternité l’étincelle de mes confins aux parages sereins de ton méandre.

 

(bernard garrigues)

dimanche, février 28 2010

QUE VIENNE L'ÉTOILE CACHÉE

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© Janine LAVAL

QUE VIENNE L'ÉTOILE CACHÉE

 

La distance oscille entre enfant et victime afin que vienne l’étoile cachée et que le monde retourne à la transparence. (Adonis)

 

 

Calcul.

Je suivrai la route entre fille et modèle

Entre enfant et futur : il faut un juste sens

Certes, mais plus encor, la claire vérité

Du compte exact à un centime près.

 

Cohabitants la bulle d’une intense lumière

Nous nous aimons sans un seul mot de trop ;

En vérité, l’énergie de nos désirs brûle

Tout ce qui, chez nous, s’embrase ou flamboie.

 

Rien n’ira jamais plus aux sillages des nefs

Vers le large des îles qui n’auront plus de nom

Pour avoir vu, sans mal, l’œil torve du cyclone :

Je nommerais ; d’un beau nom de rencontre.

 

Me sens-tu dense nœud d’émotions ? attentif ?

Dis-moi encor un mot qui dure à l’infini,

Roulé de roc en roc, du creux de ton amour

Vers le désir déclos de celui qui t’espère.

 

bernard garrigues

jeudi, février 25 2010

TOUTES ARMES PERDUES


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© Liliane DUMONT


XIII REPOS SUR LE VENT

TOUTES ARMES PERDUES

 

Et celui là seul est grand qui transforme la voix du vent en un chant rendu plus doux par son propre amour (Khalil Gibran)

 

À l’instant d’atterrie, m’apparut ta vocation de plieuse de voiles hissées à tester ma membrure de chêne parmi vents et tempêtes ; tu la jaugeais à ta solidité lorsqu’enfin aboutirent nos erres.

 

À celui que visite et habite le nœud des mystères ; à  la faonne d’antilope qui danse au rythme de sa parole, pleure de captivité ; à tous ceux qui cueillent, glissent au feu, insignement, le bois tombé des rêves ; à ceux aussi qui, toute arme perdue, ne purent énoncer leurs derniers mots : les solstices lumineux, les désirs qui halent aux îles.

 

Guetté, je proclame l’aberrante foi inébranlable en l’attente de la nuit : aux frontières du sommeil, aux épieurs de défaillance, aux jeteurs de sordide. Ainsi ne soit-il pas le jour nouveau que l’orient prémédite tendu en arc de haute volée vers la cible du soir où l’infini recouvrera son souffle.

 

Sûr, je réclame sollicitude et espérance au jour qui programme la mort : le temps d’improviser encor du bonheur étincelant, ériger un peu de joie si claire que des siècles de siècles s’y agenouilleront afin d’y puiser quiétude. Destin de borne noire aux croisées du désert.

 

Agrandi d’avoir transformé en chant d’amour la voix violente du vent, aux dimensions de mon agitation qui taillerait le lit ?

 

(bernard garrigues)

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